Le mot de la fondatrice
MYRIAM CHAMPIGNY-COHEN
Née le 21 janvier 1921 à Marseille
Décédée le 20 septembre 2018 à Lausanne
Si je m'intéresse depuis longtemps à la question des droits des non-nationaux, c'est grâce à mon père qui s'est préoccupé de leur sort pendant toute sa vie adulte. On ne le sait que très peu car le nom d'Albert Cohen est avant tout lié à celui de Solal son héros et Ariane la Belle du Seigneur. Et pourtant, en sa qualité de diplomate et de par sa formation de juriste, il a été directeur de la Division de Protection de l'Organisation Internationale pour les Réfugiés (O.I.R) dont le siège est à Genève, dans les années 40 et les suivantes.
Je me souviens surtout des années quarante où nous nous trouvions à Londres comme réfugiés. J'allais avoir vingt ans et commençais à me rendre compte qu'il fallait, comme mon père le faisait, venir au secours des réfugiés et des apatrides qui, dans tous les pays, souffraient de leur situation d'exclus.
Depuis trente ans, je m'attache à aider personnellement des inconnus devenus aujourd'hui des amis. Il semble que j'aie attendu un peu trop longtemps pour faire quelque chose de concret dans ce domaine, mais je ne pensais pas qu'il était possible d'apporter des réponses plus pérennes ! En effet, ce n'est que tout récemment que l'idée d'une fondation m'est venue. Et cela grâce à des échanges avec Max Mamou, avocat et ami de longue date. C'est grâce à lui qu'en 1995 puis 2005, des aspects moins connus de l'oeuvre de mon père ont pu être portés à la connaissance de nouveaux publics et notamment en milieu scolaire dans le cadre de l'association française A vous, frères humains. A ma demande, il assume la lourde tâche de Président de notre Fondation.
Cette Fondation a pour nom « Mémoire Albert Cohen ». Elle a été dotée grâce aux revenus des droits sur l'oeuvre littéraire de mon père. Je crois pouvoir affirmer que mon père serait très heureux de notre initiative, lui qui aimait à dire que, parmi ses écrits, celui dont il était le plus fier était son « titre de voyage pour les réfugiés, displaced persons à l'époque».
La Fondation a son siège en Suisse et sa vocation est européenne. Nous sommes pleins d'espoir, de confiance, et de joie d'avoir pu mettre enfin au jour cette Fondation, le 6 février 2008 à Genève.